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J’ai donné de nombreux cours dans divers établissements français et étrangers (Criminologie, Gendarmerie principalement) et j’en redonnerai prochainement. Il arrivait que ce soit des cours initiatiques afin d’éveiller l’intérêt du profilage voire créer des vocations.

Une de ces journées résume la teneur des cours et l’angoisse de certains étudiants à l’idée de savoir comment devenir profiler, surtout en France. Je me rappelle d’une jeune Alexandra, pétillante, arrivant en cours le matin en disant à la cantonade : « On va profiler aujourd’hui, c’est top, ce soir, je suis profiler ! ». Elle ne m’avait pas vu afficher un large sourire amusé face à sa fraicheur et dynamique à laquelle je ne fus pas insensible. Personne n’a renchéri.

Parmi mes « étudiants », il y avait des professionnels de tous horizons en poste et des jeunes en pleines études de psychologie, droit et criminologie, telle Alexandra.

Face à l’enthousiasme de cette charmante jeune fille, après la présentation de notre journée, je lui ai posé deux questions :

  • Qu’elle me donne sa définition du profiling
  • Qu’elle nous fasse partager son intérêt à devenir profiler

Ses réponses étaient évidemment en décalage avec la réalité, même sur la seconde question puisqu’elle ne connaissant pas la définition du profilage qu’elle imaginait comme en criminologie. Qu’à cela ne tienne, nous avions une journée pour résoudre cela.

Les étudiants ont appris que le profilage consiste en la collecte d’informations environnementales et comportementales, sans rien occulter, afin de les analyser suivant un cahier des charges, objectif, besoin et d’en créer un ou plusieurs profils et donner des hypothèses conclusions si besoin était. Je ne considère pas le profilage comme indiquant une vérité avec sa conclusion. Ce n’est pas possible pour plusieurs raisons et je n’en évoquerai qu’une seule : « nous n’étions pas présents lors des faits ! ». Toutefois, nos analyses aboutissent à des éléments vérifiables et concrets avec des profils validés y compris dans le comportement à venir. Il y a tant d’éléments et d’informations à collecter et analyser, sans être pollué par quoi et qui que ce soit, que ces informations autorisent un contrôle en double a minima avant d’avancer des vérités. En effet, notre métier permet de présenter un ensemble de vérités (vérifiées ou vérifiables à court terme selon le sujet).

Collecter les informations et éléments semblent assez simples, bien que les exercices aient montré que l’évidence n’y était pas. Quant à les analyser et recouper, là cela devient plus complexe même en groupe surtout rapidement.

A la fin de la journée bien active et riche, tous fatigués, en guise de conclusion, je repose les deux mêmes questions à Alexandra qui avait perdu un peu de sa spontanéité et elle me regarde avec un hochement de tête indiquant le oui en me disant, je la cite : « on va en ch…r ». Avec quelques étudiants, ils l’ont écrit sur le tableau comme pour marquer cette journée dans leur mémoire, restée aussi dans la mienne. Merci à eux et tous mes autres étudiants.

Profilement Vôtre
Nadine TOUZEAU
Profiler, net-profiler, chercheur en comportement des cybercriminels